Jean-Baptiste Lucien Bossoutrot est né le 16 mai 1890 à Tulle, au 42 rue de la Barrière. Son père est employé à la Manufacture d’arme.
Issu de ce territoire corrézien auquel il resta toujours attaché, il fut très tôt irrésistiblement attiré par l’aviation naissante. Dès 1911, sans la moindre leçon, il effectue seul son premier vol aux commandes d’un aéroplane Farman.

Lucien Bossoutrot en 1920 aux commandes de son avion. Source gallica.bnf.fr / BnF
Pendant la Première Guerre mondiale, devenu pilote, il invente le principe du Pilotage Sans Visibilité (P.S.V.), en équipant son appareil d’instruments de bord permettant de voler sans repères visuels – un dispositif toujours utilisé dans le monde entier.
Le 8 février 1919, Lucien Bossoutrot entre définitivement dans l’histoire en réalisant le premier vol commercial de l’aviation mondiale : aux commandes d’un bimoteur Farman « Goliath », il relie Paris à Londres avec 11 passagers. Quelques mois plus tard, il ouvre la route de l’Afrique en tentant le premier Paris-Dakar. Bloqué en Mauritanie après une panne moteur, il sera libéré grâce à l’usage de la T.S.F. qui retransmet pour la première fois un vol au long cours. Ce raid médiatisé fait de lui une célébrité internationale.
Équipage du Goliath [Farman] avant son départ pour Dakar, 10 août1919 avec Lucien Bossoutrot, le pilote, 3e en partant de la droite – Source gallica.bnf.fr / BnF
Au cours des années 1920 et 1930, surnommé « Bobosse » dans le milieu aéronautique, il devient l’un des plus grands aviateurs français, battant 29 records du monde de vitesse, de distance et d’altitude. En 1931, avec son ami Maurice Rossi, il porte le record de distance à 8 822 km, puis franchit en 1932 la barre mythique des 10 000 km. En 1934, il réalise la première liaison commerciale transatlantique sud, de Dakar à Natal (Brésil), à bord du gigantesque hydravion Blériot 5190 « Santos-Dumont » qu’il avait contribué à mettre au point pour la jeune compagnie Air France.
Bossoutrot n’est pas seulement un pilote d’exception. Il est aussi un promoteur de l’aéronautique pour la jeunesse : fondateur de la Fédération nationale des sports aériens, il crée avec Pierre Cot, Jean Moulin et Léo Lagrange l’Aviation Populaire, permettant à des milliers de jeunes Français de s’initier au vol. Élu député radical-socialiste en 1936, il préside la Commission de l’aéronautique à la Chambre et œuvre pour la modernisation de l’aviation française.
Son engagement politique et humaniste le conduit aussi à soutenir la République espagnole en 1937, puis à s’opposer au régime de Vichy, ce qui lui vaut d’être interné à Évaux-les-Bains. Évadé, il rejoint la Résistance dans le Sud-Ouest, où il participe à l’organisation des parachutages.
Admiré pour son courage et sa modestie, Lucien Bossoutrot fut membre de l’Aéro-Club de la Corrèze, devenu aujourd’hui l’Aéro-Club de Brive. Décédé le 1er septembre 1958 à Viry-Châtillon, il repose au cimetière des Batignolles à Paris.
Sa vie illustre le destin hors du commun d’un fils de Tulle devenu pionnier mondial de l’aviation commerciale, inventeur visionnaire, député engagé et résistant. Un Corrézien qui a écrit, le 8 février 1919, la première page de l’histoire du transport aérien.