Louis et Marc Chadourne : écrivains voyageurs

La famille Chadourne trouve ses origines à Saint-Cyprien en Dordogne. Ils étaient quatre frères, nés à Brive, en Corrèze : Louis, Marc, Paul et Pierre.
L’association « Les Amis des Chadourne » présidée par Lilith Pittman Chadourne, possède d’importantes archives de Louis et Marc Chadourne, les deux écrivains voyageurs, ainsi que des autres membres de leur famille.

Les Amis des Chadourne

L’association « Les amis des Chadourne », créée en 2011, a pour objectifs de promouvoir la lecture et la diffusion d’œuvres de Louis et Marc Chadourne, écrivains voyageurs, de préserver leur mémoire, mais aussi de valoriser le fonds d’archives « Chadourne ».
Cette association organise depuis 2019 un prix littéraire, le prix Chadourne, qui récompense une œuvre ou un livre d’un auteur témoin d’une réflexion littéraire sur l’état du monde actuel.
Le prix Chadourne 2025 a été décerné à Michel Hazanavicius pour ses Carnets d’Ukraine publiées aux Editions Alary. La cérémonie est programmée à Brive samedi 8 novembre à 17h (chapelle Saint-Libéral).
Contact :  Lilith Pittman-Chadourne – Association les Amis des Chadourne
43 rue de Selves – 19100 Brive-la-Gaillarde
asso.chadourne@gmail.com
www.lesamisdeschadourne.jimdofree.com


Louis Chadourne (7 juin 1890 – 20 mars 1925)

Les premiers poèmes de Louis Chadourne virent le jour au Bousquet, la maison d’été familiale, perchée près de Cublac en Corrèze, d’où l’on contemple la vallée de la Vézère.
Dans L’Inquiète adolescence, il évoque ses jeunes années d’internat, d’abord chez les Jésuites à Sarlat, puis au collège Saint-Joseph de Périgueux (1902-1906).
Pressenti pour le prix Goncourt, ce roman en fut écarté en raison de son esprit jugé trop « anticlérical » — audace littéraire mal perçue en son temps.

Après deux années passées au lycée Louis-le-Grand, il rejoint l’Institut français de Florence, annexe de la Faculté des Lettres de Grenoble. Là, il se lie d’amitié avec Benjamin Crémieux et Valery Larbaud, rencontre décisive qui marquera sa pensée et son œuvre. En 1912, il obtient brillamment son agrégation, devenant le plus jeune agrégé de France.

Louis Chadourne – source : site de L’association « Les amis des Chadourne »

En août 1913, Louis épouse Yvonne Daudy. L’année suivante, la guerre éclate : il est mobilisé et affecté aux chasseurs alpins de Draguignan. Ses frères Marc et Paul seront eux aussi entraînés dans le tumulte. En 1915, sur le front de Metzeral, Louis est grièvement blessé.

Après l’armistice, en 1919, il accompagne Jean Galmot en Guyane et aux Antilles. De ce séjour sous les tropiques naîtront Terre de Chanaan et Le Pot-au-Noir, œuvres nourries de cette quête d’ailleurs qui brûlait en lui.

Mais la maladie mettra un terme à ses voyages rêvés. Hospitalisé à Ivry en 1921, Louis Chadourne s’éteint le 22 mars 1925, à trente-quatre ans, laissant derrière lui l’éclat précoce d’une œuvre libre et inquiète.

Bibliographie :

De 1916 à 1922 il écrira l’essentiel de son œuvre littéraire :

– 1917 « Commémoration d’un mort de printemps » (« Accords »). 1929.

– 1919 «  Le maître du navire » Ed. Française Illustrée. 1919.

– 1920 «  l’inquiète adolescence » Ed. Albin Michel. 1920 .

– 1921 «  L’amour et le sablier » (« Accords »). 1929.

– 1921 «  Terre de Chanaan » Ed. Albin Michel.1921.

– 1922 « Le pot au noir ».Ed. Albin Michel. 1923.

Éditions posthumes :

– 1928 « Le conquérant du dernier jour » N.R.F. 1928.

– 1929 « Accords ». N.R.F. 1929.

– 1987 « Journal d’un homme tombé de la lune ». Ed. Des Cendres. 1987.

– 1994 « Carnets ». Ed. Des Cendres. 1994.

– 2019 « La petite ville d’eau ». Les Amis des Chadourne. 2019.

Marc Chadourne, (23 mai 1895 – 30 janvier 1975)

Frère cadet de Louis, Marc Chadourne naît à Brive en 1895. Il effectue ses premières classes au collège La Cabane de Cublac, puis au lycée de garçons de Brive. À Paris, il poursuit un parcours brillant : lycée Louis-le-Grand, Sorbonne, Faculté de droit et École libre des sciences politiques.

À dix-neuf ans, il s’engage volontairement et rejoint l’artillerie de campagne sur les fronts de Lorraine et d’Artois. En 1916, il devient élève pilote à l’école de Chartres et termine la guerre dans l’aviation, sur le front d’Orient. Ses lettres adressées à sa famille, souvent accompagnées de photographies prises dans les tranchées, témoignent de cette expérience fondatrice.

De retour à Paris en 1919, Marc Chadourne réussit le concours d’entrée au ministère des Colonies, qu’il intègre en tête du classement. Commence alors la vie d’un diplomate-écrivain, curieux du monde et de ses peuples, voyageur infatigable, son appareil photo et ses carnets toujours à portée de main. En 1921, il embarque pour l’Océanie. Nommé chef de cabinet du gouverneur des Établissements français d’Océanie à Tahiti, il devient ensuite administrateur des Îles Sous-le-Vent (1921-1924). De cette période naîtra un fils, Marcel, né en 1923 de Pauline Pittman-Aïtamaï.

À son retour, il publie :

  • Marehurehu (avec Maurice Guierre, 1925)
  • Vasco (1927)
  • Libération (1928)

En 1925, il est envoyé au Cameroun, à Kribi puis Maroua, où il reçoit la visite d’André Gide et de Marc Allégret (voyage relaté dans Retour du Tchad).
De retour en Corrèze entre 1926 et 1928, il séjourne longuement au Bousquet, la maison familiale de Cublac. Il y achève Vasco et rédige Cécile de la Folie, qui lui vaudra le prix Femina en 1930.

Entre 1928 et 1930, il parcourt l’Asie — Mongolie, Chine, Mandchourie, Corée, Japon, Indochine, Indes néerlandaises, voyages dont il tirera Chine (Grand Prix du reportage, 1931).
Toujours en mouvement, il sillonne le monde : conférences en Italie (1934), tour du monde pour Paris-Soir en 1935 (Tour de la Terre : Extrême Occident, puis Extrême Orient chez Plon), sans oublier Et Dieu créa d’abord Lilith (1937) et Visions de l’Indochine (1937).

Reporter pour Paris-Soir, il parcourt aussi l’Europe du Nord et l’U.R.S.S., où son ouvrage L’U.R.S.S. sans passion (1932) lui vaut d’être interdit de séjour. On le surnomme alors « le Français qui a le plus voyagé ».
Ses séjours se traduisent en livres, reportages, conférences, illustrant les réalités politiques, sociales et culturelles de terres souvent méconnues.

Du Mexique, il rapporte Absence (1933) et Anahuac ou l’Indien sans plumes (1934).
Dans les années 1930, il multiplie les tournées de conférences en Europe du Nord, dans les pays baltes et en Pologne.

En 1938, il épouse Claude de Biéville, avec laquelle il aura une fille, Ariel.
La même année, sur la demande de Georges Mandel, il devient chargé de mission d’information politique en Extrême-Orient.
En 1940, nommé à la direction des affaires politiques de l’Indochine, il est fait prisonnier par les Japonais mais parvient à s’échapper et gagne les États-Unis.

Commence alors une vie d’exil outre-Atlantique : installé à Hollywood, il collabore à l’écriture de scénarios avec Julien Duvivier et fréquente Charlie Chaplin.
De 1942 à 1944, il enseigne la littérature française à Scripps College (Claremont, Californie), puis, de 1946 à 1948, à l’Université de l’Utah, où il découvre la culture mormone et s’en inspire dans Quand Dieu se fit américain (1950). Il publie Gladys ou les artifices (1949).

Marc Chadourne – source : site de L’association « Les amis des Chadourne »

Rentré en France, il multiplie les conférences et reçoit le Grand Prix de Littérature de l’Académie française (1950). Il est promu officier de la Légion d’honneur.
De 1950 à 1963, il retourne aux États-Unis pour diriger les études françaises au Connecticut College (New London). Il y écrit Le Mal de Colleen (1955).
De 1963 à 1969, il enseigne à Hollins College en Virginie et publie plusieurs essais :

  • Restif de la Bretonne (1958)
  • Isabelle ou le journal amoureux d’Espagne (1961)
  • Éblis ou l’enfer de William Beckford (1967)

Jusqu’à la fin de sa vie, il continue à donner des conférences à travers les États-Unis, signe des préfaces, traduit des œuvres et entretient ce lien constant entre littérature et exploration.

En 1973, Marc Chadourne revient définitivement en France et s’installe dans sa villa La Coustiera, au Haut-de-Cagnes. Mais il confiera toujours le regret d’avoir « laissé le Bousquet », à Cublac, en Corrèze.
Il s’éteint à Cagnes-sur-Mer le 30 janvier 1975.

Bibliographie :

– « Marehureu » en collaboration avec Maurice Guierre. Librairie de France – 1925.

– « Vasco » Plon – 1927. Prix Blumenthal – 1928.

– « Libération » Les amis d’Edouard. Edouard Champion – 1928.

– « Cécile de La Folie » Plon – 1930. Prix Fémina –1930.

– « Chine » Plon – 1931. Prix Gringoire – Grand prix du reportage – 1931.

– « L’URSS sans passion » Plon. 1932.

– « Absence » Plon. 1933.

– « Anahuac ou l’indien sans plumes » Plon. 1934.

– « Tour de la terre : Extrême-Occident » Plon. 1935.

– « Tour de la terre : Extrême-Orient » Plon. 1936.

– « Dieu créa d’abord Lilith » Plon.1937.

– « Vision de l’Indochine » Album in-folio. Études, pastels et gouaches de Mme Bouillard-Devé.

– « La clé perdue » Plon.1947.

« Gladys ou les artifices » Plon.1949.

« Quand Dieu se fit américain » Librairie Arthème Fayard. 1950.

– « Le mal de Colleen » Plon.1955.

– « Restif de la Bretonne » Hachette.1958.

– « Isabelle ou le journal amoureux d’Espagne » J.J.Pauvert.1961.

– « Eblis ou l’enfer de William Beckford » J.J.Pauvert.1967.

REEDITIONS :

– « Vasco ». Ed. La Table Ronde. Paris. 1994.

Pendant toute l’année 2025, le projet CHADOURNE 2025, porté par l’association Les Amis des Chadourne, a rendu hommage à Louis Chadourne, à l’occasion du centenaire de sa disparition, survenue le 22 mars 1925 des suites de la Grande Guerre, ainsi qu’à Marc Chadourne, à l’occasion du cinquantenaire de sa mort (1975).

En cette année mémorielle et pour célébrer ces deux anniversaires, l’association a notamment organisé une magnifique exposition intitulée « Louis et Marc Chadourne – Écrire le monde, de la Corrèze à l’Outre-mer », présentée en plusieurs lieux emblématiques à Brive (Chapelle Saint-Libéral ) et à Tulle (Archives départementales de la Corrèze et Conseil départemental. de la Corrèze).